Le piano d'Abigail

Saint-Preux est un des représentants majeurs du style dit "Néo-classique" qui porte le même nom que le genre "Néo-classique" de certains musiciens du début du XX° siècle, même si ces deux genres n'ont que leur nom en commun.

Dans ma vie je me suis souvent fait moquer pour ma passion (sans jeu de mot, les amateurs de ce compositeur comprendront) pour Saint-Preux. Les compositeurs purement classiques (mais en existe-t-il vraiment encore beaucoup aujourd'hui ?) méprisent Saint-Preux parce qu'il "fait classique" tout en intégrant à ses compositions des instruments très modernes comme les synthétiseurs, la guitare électrique ou occasionnellement de la batterie... et les amateurs de musique rock méprisent Saint-Preux parce que dans ses compositions résolument modernes il met "un peu trop de musique classique". Bref il est snobé par les deux extrêmes. Or Saint-Preux (Christian Langlade de son vrai nom, SP est tout simplement son second prénom !) a une vraie formation de pianiste classique et de chef d'orchestre symphonique. Et s'il a fait le choix de mêler des arrangements et des orchestrations modernes à sa musique, c'est pour participer à l'évolution normale de la musique considérant que si les compositeurs de musique classique ne font pas évoluer la musique classique... la musique classique finira par être complètement reléguée à un rôle marginal dans les futures générations. Et on ne peut pas lui donner tort. Il a été l'un des premiers à agir dans ce sens dans les années soixante et de nombreux autres compositeurs ont fait aussi ce pari*, quitte à être méprisés des amateurs de musique classique voulant faire stagner le genre comme si au XX° siècle il avait été subitement figé dans le marbre. La musique classique a toujours connu des innovateurs, comme Lully, Rameau, Bach, Debussy, Ravel, Gershwin, Bernstein, Varèze... Pourquoi faudrait-il que les nouveaux compositeurs ne continuent pas à faire évoluer le genre ?

* J'ai en tête par exemple des gens très peu connus en France comme Ludovico Einaudi, Max Richter, Keith Kenniff, David Wenngren, Poppy Acroyd, Nils Frahm, Joep Beving, Johann Johannson, Peter Broderick, etc. Je présenterai occasionnellement quelques-uns d'entre eux.


Bref, revenons à Saint-Preux. Dans sa discographie il y a du très bon, du bon, du médiocre, mais il y a aussi de l'excellent... et même de l'inoubliable.

Dans mes albums de Saint-Preux qui pour moi sont des découvertes inoubliables de mes jeunes années (et quelques une un peu plus récentes) il y a notamment celui-ci qui a mes oreilles est un pur chef-d'oeuvre : le Piano d'Abigail. Ca dure quarante minutes, avec un déluge de piano, des fonds en nappes de synthétiseurs et quelques courtes phrases bien placées à la guitare électrique... et c'est de toute beauté.

Voici l'album original, celui de 1983 (éviter la republication de 1995, elle a été retouchée et est moins réussie que l'originale présentée ici). Cet album c'est 40 minutes de bonheur absolu :

Effectivement, ce nom m'évoque quelque chose de totalement ringuard, pourtant je ne connaissais pas du tout.
Et c'est vrai que c'est plutot chouette.
Il y a des petits cotés désuets par moment, mais je pense que c'est lié a un époque. Mais il y a aussi de tres bon moments, et des vrais tentatives.
Ce qui est marrant c'est que parmi ces parties "desuettes", par moment ca me rapelle des pieces d'ennio Morricone (et qui oserai moquer ce monsieur.), ou des musiques de film des années 60.
Il aurai du faire des musique de film en fait.