Daniel Rabier, attention c'est du lourd, très lourd...

C'est une des raisons pour lesquelles j'ai toujours adoré celui qui pour moi restera le dieu des jeux de mots et des mots d'esprit : Raymond Devos.

Et parmi les autres je citerais Alphonse Allais, Boby Lapointe, Jacques Prevert, Jean-Pierre Brisset, Raymond Queneau, Pierre Dac, les Frères Ennemis, Claude Gagnière... Des génies de l'humour par les jeux de mots et les mots d'esprits ! Des gens qui ont sur manier les mots avec tellement de finesse (et de poésie) que le double voire triple sens des mots ne leur échappait jamais et qu'ils savaient jongler avec les mots en fonction de ceux qui les écoutaient.

Quand deux personnes douées d'un grand humour et d'une grande connaissance des jeux de mots discutent ensemble au milieu d'autres personnes qui n'y connaissent rien ces deux personnes peuvent se régaler par leurs échanges de phrases qui paraissent anodines pour tout le monde mais ne le sont aucunement.

Etant d'origine 50% chinoise je peux vous dire aussi que les chinois, même le vulgum pecum de la rue, sont des maîtres dans l'art du jeu de mot et du calembour. C'est un art que je cultive moi-même depuis toujours... en français aussi. La littérature chinoise regorge de jeux de mots et de calembours, une tradition qui existe depuis plus de deux mille ans dans ce pays, et qui est facilitée par le fait que le même mot d'une seule syllabe a toujours plusieurs sens suivant la tonalité (montante, descendante, montante puis descendante, descendante puis montante, ou égale) sur laquelle on prononce cette syllabe. Il existe un art du jeu de mot et du calembour en Chine qui est beaucoup plus pratiqué par la population qu'en Occident. Et avec un intérêt non négligeable sur le plan politique, la population subissant depuis maintenant 80 ans une lourde pression de la dictature militaire.

En décembre 2014 le gouvernement chinois a interdit les jeux de mots dans la pub et dans les journaux, qu'ils soient télévisés, radiophoniques, internet, ou papier. Ce fut un couperet. Mais peu à peu l'usage a repris (on ne muselle pas si facilement une population d'1 milliard 400 millions d'habitants), à tel point qu'aujourd'hui les jeux de mots sont encore plus nombreux qu'en 2014 dans le langage chinois populaire.

Un article de 2018 qui explique l'importance des jeux de mots dans la Chine d'aujourd'hui, et leur utilité pour se moquer du gouvernement et de la pression bureaucratique :
SOCIÉTÉ — Quand l’humour combat la cybercensure en Chine - FICSUM | Fonds d’investissement des cycles supérieurs de l’Université de Montréal

Raymond Devos est un dieu de l'humour poétique, burlesque et magique, le sens des maux de notre société sort comme un lapin de son chapeau de magicien.
On a de la dévotion pour ce clown génial. Il nous manque.

Oui, vivre en Chine en ce moment, il faut garder le sens de l'humour.
Finalement le côté bordélique des latins a ses avantages, je me plains souvent mais je suis bien consciente de ma "chance" d'être née en Europe malgré tout.

Jacques, d'accord avec toi pour l'autodérision ... quand il s'agit de dérision, mais tu appliques ça à l'humour, plus léger, et là je serais moins sévère que toi.

Claudia, tu gagnerais à prendre le sketch Mira-Ferrari d'une autre façon : déjà, il n'y a aucune dérision, on imagine vraiment bien le fond de leur pensée (ils mettent le point sur le second degrés, et une fois de façon explicite), et surtout, ils contribuent à faire entrer ces "minorités" dans "l'acquis populaire", tout bénèf pour toi 
(J'aimerais bien que des humoristes nationaux se foutent lourdement de la gueule des alsaciens qui habitent soi-disant en Allemagne, peut-être qu'on saurait enfin que l'Alsace est en France, vois-tu ?)

Mon cher LFO, on a rien à gagner à être dans un acquis social faussé et pas vraiment réel, vaut mieux rester invisible parfois. La bêtise gagne toujours et considérer comme une minorité au moins 15 % de la population cela montre le déni des cis hétéros normés.
Hors de question que les minorités soient mises en avant avec ce genre de sketchs ratés.
Je suis désolée on vaut mieux que le mépris déguisé en tolérance.

Bises

^_^, ça y est, vous avez enervé Mamie, je suis en train de me transformer en troll  féministe pro LGBT... 
C'est dingue.

Mamie Electro a écrit:le mépris déguisé en tolérance.

Ceci est assertion fausse, c'est ce que j'ai voulu dire avec bienveillance.

@LFO
Attention les idées qui vont suivre servent pour faire comprendre une logique particulière et en aucun cas elles peuvent alimenter une polémique pas drôle du tout, arrrf...
 
Mettre en valeur la parole positive en lui opposant la parole négative est un jeu dangereux car le public entend souvent la parole négative au premier degré.
J'en suis convaincue. C'est connu comme mécanisme, tout est réutilisable sorti du contexte.
Et je peux te garantir que la bienveillance hypocrite affichée par la société est parfois pire qu'une opinion franche et clairement exprimée. Cela fait moins mal mais les minorités en prennent plein la gueule quand même.
C'est comme remplacer le terme handicapé moteur par personne à mobilité réduite tout en ne faisant aucun effort pour rendre leur vie plus facile.
La vigileance et l'hypersensibilité sont des moyens de défense assez développés par les personnes faisant partie d'un groupe minoritaire, ces personnes détectent assez vite les élèments hypocrites et brutaux de notre société qui voudrait être bienveillante pour satisfaire sa bonne conscience.
Relis ce que l'on a écrit Jacques et moi, on pense sincèrement que ce type d'humour manque sérieusement de finesse pour aborder des sujets aussi sensibles.

Bises

Je suis certain que ce type d'humour manque effectivement de finesse à tes yeux et c'est normal. Mais il ne faut pas oublier le public et sa diversité. Tout le monde n'est pas forcement en capacité d’apprécier l'humour de Raymond Devos cité plus haut. Ce n'est pas une raison pour servir des étrons verbeux à tour de langue, certes. Mais pour éduquer la masse ne faut-il pas commencer par des barreaux pas trop hauts si on veut avoir une chance de lui faire gravir quelques échelons ?

Jacques, tu as oublié Robert Lamoureux.