Comment trouvez-vous l'inspiration ? Par quoi commencez-vous ?

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Comment trouvé-je l'inspiration ?
Ma première règle, c'est de ne jamais forcer. J'ai constaté que ça n'amenait que rarement de bons résultats. Je fais ça à l'instinct. Par contre, je n'hésite pas à travailler, retravailler, remettre en question l'idée de base.
Il m'arrive donc de rester plusieurs semaines, voire plusieurs mois sans composer. J'ai tout de même remarqué que le déclencheur chez moi n'était pas forcément une illumination soudaine, mais pouvait être tout simplement l'envie de composer quelque chose ou, quand j'étais plus jeune, le besoin de vérifier que "ça" fonctionnait toujours.
Ma seconde règle, c'est de lâcher prise. Se mettre dans un état second dans lequel les associations d'idées et les envies soudaines rendent les choses plus faciles et plus évidentes.
Un autre moyen, c'est de varier les instruments à partir desquels on compose. On ne compose pas la même chose à la guitare ou au piano.
Une autre règle : ne rien tenir pour acquis. Il m'est arrivé parfois de composer une chanson à partir d'une idée mélodique sur un couplet ou un refrain et, une fois la suite écrite, de m'apercevoir que mon idée de base ne colle plus et donc de la changer.

Par quoi commencé-je ?
Là encore, c'est l'instinct qui parle.
Le plus souvent, je pars d'un texte ou si je n'ai pas de texte, d'un sujet sur lequel j'ai envie de créer une chanson. Merci à internet qui m'a permis de découvrir des auteurs grâce auxquels je ne suis plus obligé d'écrire mes textes moi-même ! A partir du texte, soit je travaille sur la rythmique qui s'en dégage, soit je pianote jusqu'à trouver une accroche, soit je travaille ma mélodie sans aucun accompagnement qui vienne la brider. Il m'arrive aussi de faire un savant mélange entre ces trois approches.
Parfois, je peux partir d'une limitation ou d'un défi : je veux faire une chanson sur deux accords, créer une mélodie qui tienne sur une quinte ou qui joue sur toute ma tessiture, rester sur la même note à la basse, faire une chanson à la façon de..., vouloir faire un morceau en 5/4 ou 7/4, etc. Je trouve que s'imposer des contraintes est bizarrement libérateur pour la créativité, d'autant plus qu'on cherche toujours à s'évader des limites qu'on s'est imposées... et c'est là qu'il ne faut pas hésiter à lâcher prise et sortir finalement de la contrainte de base.
Je peux aussi partir d'une suite d'accords qui m'a plu ou interloqué dans une chanson.
Bref, la multiplicité des méthodes est ma méthode. Quant à savoir pourquoi je choisis l'une ou l'autre à tel ou tel moment...

Merci BenF, et pour le sujet, et pour la réponse très intéressante.

En ce qui me concerne, je ne devrais pas participer, parce que que, n'étant pas musicien, ne faisant un peu de musique que de loin en loin, sans continuité, sans suivi, sans intention, la façon dont je procède est forcément primitive et très limitée : j'improvise au clavier (piano ou synthé) et des bouts de phrases mélodiques viennent, qui me plaisent ou pas, toujours simples, jamais sophistiquées, vu mon niveau instrumental. Quand ça me plaît, j'enregiste le petit bout et le garde en attendant de voir si je peux en faire quelque chose ou pas. Y a pas mal de petits bouts de mélodies qui traînent comme ça. Parfois le bout de mélodie vient à l'esprit quand je suis ailleurs et fais autre chose.
Dans tous les cas, ce que je fais est gentillet, même mièvre, sans commune mesure avec mes goûts musicaux.

Sinon j'enregistre aussi des impros au synthé, faisant tourner un, deux ou trois sons d'accompagnement (souvent une rythmique, une ou deux napes) et un lead pour la mélodie. Bref comme beaucoup de gens. C'est juste pour le plaisir du moment, et je le fais plutôt avec des synthés hardware, des vraies machines à boutons.

Je n'ai donc pas d'approche méthodique, techniquement bien établie et contrôlée/maîtrisée.

Voilà. Mais maintenant que j'ai du temps, je vais voir si j'approfondis mon approche ou pas. J'espère que oui.

Eric a écrit:Parfois le bout de mélodie vient à l'esprit quand je suis ailleurs et fais autre chose.
Dans tous les cas, ce que je fais est gentillet, même mièvre, sans commune mesure avec mes goûts musicaux.

J'ai tendance à croire qu'une mélodie qui reste en tête (ou qui te revient en tête) est une bonne mélodie.
Des mélodies très "pompier" comme La queue-leu-leu ou Nuit de folie peuvent paraître gentillettes ou mièvres. Il n'en reste pas moins qu'elles sont, à mon avis, très bonnes. Après, le traitement qui en est fait, les paroles qu'on met dessus ou même le succès "commercial" qu'elles ont auprès du vulgus pecum font qu'elles sont décriées, généralement par des gens qui ont une haute opinion de ce qu'on peut qualifier de Musique et de ce qu'il est de bon ton d'appeler de la musiquette.
Personnellement, ce n'est que très récemment que j'ai réussi à composer des "musiquettes" comme Douche à douche. Jusque là, je me demandais même si je pouvais me targuer d'être compositeur puisque je n'étais pas capable d'en faire. Pour moi, faire des mélodies complexes est, paradoxalement, plutôt facile.

Eric a écrit:Je n'ai donc pas d'approche méthodique, techniquement bien établie et contrôlée/maîtrisée.

Ben, moi non plus !

Pour ma part la formule de Miles Davis résume bien mon point de vue : Ce qu'il y a de bien avec la musique instrumentale c'est qu'on peut penser à ce que l'on veut

C'est assez compliqué de résumer cette question en fait : sait-on même ce qui se produit à ces moments ?

Essayons quand même.

- Concernant les compos pour la guitare classique, je pars souvent d'une idée que me renvoie une pièce du répertoire (de Bach à Takemitsu). Je gratte quelques notes qui y ressemblent et assez rapidement j'entends d'autres choses dans ma tête et je cherche sur le manche comment restituer ce chant intérieur. J'écris sur papier. Et éventuellement ça prend forme. Ensuite ça peut durer des années (des dizaines d'années) pour mettre le truc au point, remaniements, développements, etc ... ou alors si c'est publié officiellement, je ne peux plus y toucher, mais ça me démange.

- Pour l'ambient, je pars en général d'un concept ficelé, avec le titre pour un album complet avec déjà la pochette, et je cherche à coller à mon idée. Je crée (toujours) les sons de synthé à partir de zéro pour réaliser les ambiances que j'ai en tête. Il m'arrive de piocher dans des sons que j'avais faits au préalable, mais c'est peu de choses. Cette manip marchait bien mais ne marche plus, il me manque maintenant la niak pour cette chose-là, la conviction quoi.

- Pour l'expérimental/acousmatique, je pars de sons, qu'ils soient enregistrés au micro (des bruits quoi) ou que je les aies fabriquées de synthèse (toujours en partant de zéro). Je les construis entre-eux en étant poussé autant par l'idée que je m'en fais au départ (toujours, au départ, le concept) que par ce que les sons et leur triturage m'inspire comme "suite à donner". Ensuite un gros travail de sélection, de mix, de revisites, etc ... cette phase est systématiquement plus longue que la création même du morceau. Un peu comme si la création se faisait dans un "moment" unique, une sorte de transe bien que je sois quelqu'un de très rationnel et que la mise en forme reste dévolue au simple mortel (haha). Là aussi, une fois que ces pièces sont publiées ailleurs que sur mon Bandcamp, je ne peux plus y toucher ... là, je ne ressens plus le besoin d'y retoucher, peut-être parce que les codes sont plus souples, que la liberté permet plus de fantaisie ... et c'est pourquoi j'adore faire ça.

BenF a écrit:[Pour moi, faire des mélodies complexes est, paradoxalement, plutôt facile.!

Je plussoie, faire simple est très difficile, dans tous les domaines.

Je reprends ici une partie de ce que j'ai posté dans thread qui se concentre sur les outils d'aide à la composition :

Aujourd'hui, quand je compose, je me laisse guider par une rêverie autour de 2 ou 3 accords, en essayant d'oublier tout ce que j'ai appris, sans me référer à ce que je sais déjà, jusqu'à ce qu'un motif mélodique émerge de cette rêverie.

A l'inverse, j'ai parfois l'intuition d'une mélodie, mélodie autour de laquelle je vais ensuite élaborer une progression d'accords.

Ces 2 processus me permettent en général de me tirer d'affaire et de déboucher sur une chanson qui tient à peu près la route avec guitare + voix.

Comme Benf, je pratique aussi beaucoup la compo sous contrainte, cela donne souvent de bons résultats.

Au final, quels que soient mes tripatouillages avec les sons et les possibilités que me donne le daw que j'utilise et les arrangements que j'ai pu construire, je finis toujours par reprendre le morceau à la guitare et voix seules.

Si cela ne rend rien, je passe à autre chose, mes très bonnes idées du départ n'étaient probablement pas les bonnes...