Peut-on apprendre la musique à une poule ? OUI !

Trouvé cet après-midi cette première vidéo dans l'éditorial d'Audiofanzine...



... qui m'a incidemment amené à visionner cette seconde vidéo légèrement différente très astucieuse et tout aussi craquante :




La vie est belle !

La première m'a bien fait rigoler. Je trouve la seconde plus quelconque.

Dois-je le prendre personnellement ? 

Ranxtukur (Thierry) a écrit:Dois-je le prendre personnellement ? 

Autant tout ce que Jacques met en oeuvre pour t'aider à comprendre la musique tonale est formidable et très-respectable, tu te souviens aussi de mon point de vue : qu'il n'est pas obligatoire d'utiliser tes banques de samples pour perpétrer ce qui se fait dans ce qu'on appelle "la musique à l'image" (c'est bien le domaine le plus souvent abordé dans les tutos autour de ces banques) et d'aller piocher l'inspiration plus librement dans ce qui se fait ailleurs qu'en "musique à l'image".

Attention, je n'oppose pas les deux approches, si elles pouvaient être complémentaires ce serait évidemment l'idéal !

Exemple, le nouveau disque de Robert Eno (frère du cuisinier) :

Ben tu sais, je ne crois pas avoir refait de vidéo musicale depuis celle qu'on avait faite ensemble, et là, la musique était de toi.
Les quelques rares dernières mettent juste Reaper en scène.
Alors, je ne comprend pas bien ce que tu veux dire, en fait.   

Et pour la vidéo, c'est effectivement très beau, même beaucoup plus que ce qu'on pourrait obtenir avec la majorité des banques que je connais.

Ranxtukur (Thierry) a écrit:Ben tu sais, je ne crois pas avoir refait de vidéo musicale depuis celle qu'on avait faite ensemble, et là, la musique était de toi.
Les quelques rares dernières mettent juste Reaper en scène.
Alors, je ne comprend pas bien ce que tu veux dire, en fait.   

Et pour la vidéo, c'est effectivement très beau, même beaucoup plus que ce qu'on pourrait obtenir avec la majorité des banques que je connais.

euh 1. Berlin n'était pas ce qu'on appelle de la "musique à l'image", tu as mis des images sur une "musique à écouter". La "musique à l'image" c'est ce qui illustre pubs, jeux vidéos, reportages, films TV, séries, ... faite plus ou moins APRES l'image, en tout cas illustrant l'objet principal qui est l'image, et non l'inverse.

Je parlais des vidéos tutos qui existent pour les banques de samples et pour la composition de "musique à l'image". Je suppose que tu as vus les derniers posts sur ce forum, ils concernent cet aspect-là de la musique : la musique tonale post-classique, essentiellement des principes (musicaux et techniques) appliqués dans la majorité des cas à la "musique à l'image" quand on utilise ces banques de samples. Même si on n'illustre pas d'image. Question de style musical.

Comme je l'ai dit, c'est une bien belle chose que Jacques propose ces vidéos, mais il y a d'autres voies dont on peut parler, c'est tout ce que je voulais dire

Je pensais te rendre un petit service avec cette question de liberté d'expression, mais je me fais mal comprendre.

Il faut l'écouter aussi dans les deux albums du groupe Channel Light Vessel qu'il avait fondé en 1993 juste le temps de deux albums, l'un en 1994 et l'autre en 1996.

Automatic | Channel Light Vessel (1994)

et

Excellent Spirits | Channel Light Vessel (1996)


Ce gars est un multi-instrumentiste de génie.

Voyez le nombre d'instruments qu'il joue dans ces albums

Dans le premier :
Channel Light Vessel – Automatic (1994, CD) - Discogs
... et surtout dans le second :
Channel Light Vessel – Excellent Spirits (1996, CD) - Discogs

Sa discographie, en solo comme en accompagnement d'autres musiciens, est longue comme le bras. Il participe aussi à des activités de laboratoire avec des chercheurs en neurosciences, sur les effets de la musique sur le cerveau, sur la méditation, sur les pensées induites par les ambiances musicales, sur les variations de neuromédiateurs à l'écoute de morceaux suivant les styles et les atmosphères, sur la musicothérapie (sous IRMf, IRM fonctionnelle) dans les troubles psychiatriques, etc.

Et si mes souvenirs sont bons il a des méthodes très originales pour composer, partant parfois de suites de nombres (suites géométriques, nombres premiers, alternances, décimales du nombre pi, combinaisons de rythmes comme faisait aussi Steve Reich, etc.), parfois au contraire des incursions dans l'aléatoire comme point de départ, parfois des phénomènes physiques (variations autour de pendules de Newton, combinaisons d'effets harmoniques de sollicitations sur des matériaux divers...) et toujours pour ensuite retravailler le résultat en partitions aboutir à une musique extraordinaire en néoclassique ou en Ambient.

Je me souviens d'une expérience étrange qu'il avait faite avec le guitariste Peter Hammill : chacun dans son coin devait improviser pendant une heure pile, à la seconde près (Peter Hammill avec ses guitares et Roger Eno avec son piano, ses synthés et d'autres instruments), sans savoir chacun ce que ferait l'autre mais avec la seule contrainte de démarrer en Ré mineur et de faire des parties qui peuvent s'enchaîner éventuellement mais des parties assez courtes (pas plus de une, deux, ou trois minutes). Puis ensuite tous les deux ils ont sélectionné ce qu'il y avait de meilleur dans les improvisations de chacun en s'efforçant d'en garder le maximum, puis ils ont réorganisé l'ordre des parties conservées de chacun puis éventuellement un peu retravaillé les impros pour assurer le collage, puis mixé l'ensemble pour que ce soit entendu comme un album joué en duo comme une unique improvisation à deux pendant une heure. Il en est sorti un album qu'ils ont appelé The Appointed Hour, un album étrange... mais superbe.

Mais si on veut avoir une idée à peu près complète en un seul album de tout ce qu'est capable de faire Roger Eno tout seul, il faut acheter la compilation (un double CD, total deux heures !... pour seulement 9 euros si on l'achète en MP3) Little Things Left Behind qu'il a publiée en 2013. Ce double CD contient une quarantaine de morceaux (complets) parmi les meilleurs tirés de 5 de ses précédents albums. C'est extrêmement varié, mais toujours dans un registre Ambient ou néoclassique. Le nombre d'instruments qu'il joue dans ces quarante morceaux est effarant ! Tout tourne bien sûr autour de son piano préféré et de ses synthés, mais il joue aussi au moins une ou deux fois et à la perfection quasiment tous les instruments (un à un, suivant les morceaux) d'un orchestre symphonique, violons, altos, violoncelles, contre-basse, flûtes, hautbois, saxos, clarinettes, cor, trombone, harpe, timpani... plus des guitares, banjos, ukulele, flûtes asiatiques, accordéon, violon électrique, synthés, orgues, etc. Et musicalement cet album est un chef d'oeuvre. C'est celui-là : Little Things Left Behind by Roger Eno. D'ailleurs c'est l'occasion pour certains de découvrir que certaines mélodies bien connues... étaient de lui ! Notamment dans des musiques de films.

LFO a écrit:Comme je l'ai dit, c'est une bien belle chose que Jacques propose ces vidéos, mais il y a d'autres voies dont on peut parler, c'est tout ce que je voulais dire

Oh que oui ! C'est pas les chemins qui manquent pour imaginer des musiques originales...

Les vidéos que j'ai montrées dans ce fil utilisent les voies conventionnelles. Mais effectivement il y a beaucoup, beaucoup d'autres chemins à emprunter, même avec les mêmes instruments.

Quelques exemples qui sortent complètement des sentiers battus (j'en ai plein d'autres) :







(plus krautrock que celui-là, ça n'existe pas)






Alors bon, l'idée n'est peut-être pas de produire des choses aussi professionnelles... mais de montrer que l'inspiration peut venir de sentiers qui n'ont rien à voir avec les théories conventionnelles de la musique.

Regardez ça aussi, c'est extraordinaire :




Et puis un autre incontournable de l'Ambient : Olafur Arnalds (ici avec des parties de violons magnifiques) :




Là aussi ce sont des sources d'inspiration pour sortir des sentiers battus...

LFO a écrit:

Ranxtukur (Thierry) a écrit:Ben tu sais, je ne crois pas avoir refait de vidéo musicale depuis celle qu'on avait faite ensemble, et là, la musique était de toi.
Les quelques rares dernières mettent juste Reaper en scène.
Alors, je ne comprend pas bien ce que tu veux dire, en fait.   

Et pour la vidéo, c'est effectivement très beau, même beaucoup plus que ce qu'on pourrait obtenir avec la majorité des banques que je connais.

euh 1. Berlin n'était pas ce qu'on appelle de la "musique à l'image", tu as mis des images sur une "musique à écouter". La "musique à l'image" c'est ce qui illustre pubs, jeux vidéos, reportages, films TV, séries, ... faite plus ou moins APRES l'image, en tout cas illustrant l'objet principal qui est l'image, et non l'inverse.

Je parlais des vidéos tutos qui existent pour les banques de samples et pour la composition de "musique à l'image". Je suppose que tu as vus les derniers posts sur ce forum, ils concernent cet aspect-là de la musique : la musique tonale post-classique, essentiellement des principes (musicaux et techniques) appliqués dans la majorité des cas à la "musique à l'image" quand on utilise ces banques de samples. Même si on n'illustre pas d'image. Question de style musical.

Comme je l'ai dit, c'est une bien belle chose que Jacques propose ces vidéos, mais il y a d'autres voies dont on peut parler, c'est tout ce que je voulais dire

Je pensais te rendre un petit service avec cette question de liberté d'expression, mais je me fais mal comprendre.

Ben, non, c'est plutôt moi qui n'avait pas compris.
Parce que j'ai du mal à imaginer de la musique à l'image, sans image. De l'étroitesse d'esprit sans doute.
Alors j'ai bêtement pensé qu'on parlait vidéo (image qui bouge  ).
Et si on me prête souvent cette capacité à en évoquer, des images, c'est assez loin d'être ma préoccupation première.
J'ajoute que les vidéos/tutos que je regarde (de moins en moins), n'y ont trait que très rarement, encore plus depuis que Christian Henson s'est fait virer de Spitfire. De ceux que je regardais, c'était surtout lui dont c'était la marotte (et le gagne-pain entre autres)
Après, si c'est une question de style musical, sans même le support, ben de la même façon, tu sais bien quelle est ma prétention (sans doute ratée). Pas du tout de faire de l'accompagnement musical. 

J'espère aussi ne t'avoir pas blessé en faisant le lien avec Berlin, qui n'en ai évidemment pas mais plutôt l'inverse, mais j'étais dans mon mauvais entendement de la chose.

@+

On peut aussi trouver de l'inspiration dans les compositions très originales d'Harold Budd :




Dans un autre style, j'adore aussi ce que fait ce gars simplement avec un violon et des pédales. C'est un amateur qui fait ça tout seul dans sa chambre, et certaines de ses très nombreuses vidéos sont tout simplement incroyables :




Bernard connaît probablement The Untold et leur façon très particulière de composer avec des violons (et aussi avec des samples) :




Dans le genre compositions qui sortent complètement des sentiers battus de la musique conventionnelle, il y a aussi cela à la contrebasse, et là Thierry ça devrait ravir tes oreilles :




Pour jouer d'un instrument (n'importe lequel) il y a de nombreuses manières. Certaines conventionnelles... et d'autres pas conventionnelles du tout ! L'important c'est de chercher l'originalité tout en restant dans ce que les oreilles peuvent apprécier.


En fait, la théorie musicale (quel que soit le pays ou le continent) est une science empirique. Empirique, parce que la théorie est issue d'observations faites au fil des siècles en retenant ce qui est harmonieux à l'écoute et ce qui est insupportable à l'écoute. On analyse peu à peu pour en tirer des leçons. Des leçons parfois mathématiques, et parfois pas du tout. Le solfège n'est pas issu que de mathématiques, il est avant tout issu d'appréciations de l'oreille et du cerveau sur ce qui marche et ce qui ne marche pas. En musique, les maths permettent d'expliquer et de décrire, mais ce ne sont pas elles qui donnent des nouvelles voies d'exploration (sauf dans certains genres comme la musique minimaliste par exemple). C'est comme ça qu'est née la théorie de la musique et qu'elle s'entretient au fil des siècles, en conséquence ultérieure à partir de l'expérimentation, de l'innovation, de l'imagination. C'est la raison pour laquelle il ne faut pas se contenter de ce qui est entré dans la théorie. Il faut aussi expérimenter, innover, chercher des voies qui n'ont jamais été explorées... ou bien qui ont été abandonnées autrefois tout simplement parce qu'on n'avait pas les instruments qu'on a aujourd'hui et que ces instruments d'autrefois donnaient des résultats quelconques voire insupportables alors que les instruments d'aujourd'hui donneraient peut-être d'excellents résultats. Et puis il y a les apports venant de musiques d'autres continents, qui peuvent enrichir la musique occidentale (et pas seulement en matière d'instruments, cela concerne aussi des rythmes, des styles, des ornementations, des gammes, etc.). C'est surtout l'imagination qui est le moteur principal de l'innovation. Il faut donc ne pas hésiter à inventer soi-même, trouver des choses nouvelles, proposer... et voir ce qui passe bien, ce qui ne passe pas, et ce qui pourrait être encore travaillé pour arriver à un résultat à la fois beau et nouveau. Et par ailleurs on a aujourd'hui la chance de disposer d'effets (sur pédaliers ou effets logiciels) qui enrichissent les voies d'exploration. A partir d'un son de violon samplé, d'alto samplé, de violoncelle samplé, de contrebasse samplée, de flûte samplée... on peut obtenir des timbres très différents voire variant dans le temps, tout en rappelant le violon et les autres mais d'une façon qui rend la musique encore plus vivante. Après tout... c'est ce que fait Bernard quand il explore sa guitare dans les albums d'Ambient. C'est ce qu'on fait aussi dans certains groupes en Asie avec des kotos, des flûtes, des Qings, des Zhengs, des cithares, des harmoniums, etc. dont on modifie électroniquement le son pour créer des sonorités totalement nouvelles et créer des musiques asiatiques modernes planantes ou rythmées ou même dansantes, et parfois sur des partitions qui n'ont rien du tout d'académiques.

Ouha, y a vraiment plein de superbes choses là.
Le choral drift de Richard Eno, magnifique !
Olafur Arnalds evidement. et plein d'autre truc qu'il faut que je prenne le temps d'ecouter autrement qu'en diagonale.

Mais si vous continuez ca serait bien de bifurquer dans un fil adéquate. Parce que la il y a de magnifiques référence que je sais que dans six mois, si je me rapelle pas que je les entendues dans "Peut on apprendre la musique aux poules", je les retrouverai jamais vu que la fonction de recherche marche pas. C'est dommage.

Ah ça oui, le rapport avec les poules, ....

@ Thierry, blessé ? mais non, du tout (plus j'avance dans mes vieux jours, moins j'arrive à m'exprimer clairement)

@ Jacques, oui, j'en connais pas mal de tes références, mais évidemment pas toutes. Je remets à plus tard pour piocher davantage, trop renversé par le Locatelli sur Arte concert (Isabelle Faust et Giovanni Antonini) d'une part et la Turangalila par Salonen d'autre part (qui est dans mon top 3 avec Myung Whun Chung et Kent Nagano pour cette oeuvre)